La culture des mélanges
- L’immigration, son histoire et son lien avec la Belgique, sont au coeur du travail que le Brocoli Théâtre mène depuis de nombreuses années, avec une multitude d’associations de quartier et en partenariat étroit avec la Maison des Cultures et de la Cohésion Sociale de Molenbeek. Son répertoire est composé de spectacles tels La civilisation, ma mère ! ou Gembloux, à La Recherche De L’Armée Oubliée, qui représentent chacun à leur façon un savoureux petit morceau de notre patrimoine et favorisent la confrontation des points de vue. Le Brocoli a cette capacité de réunir des publics d’origines culturelles et sociales diversifiées, et d’agir simultanément par sa démarche citoyenne et ouverte sur les quartiers. Dans le contexte actuel, il est fondamental d’ouvrir le champ de son action au-delà de la désormais tristement célèbre commune de Molenbeek ou de celles où des populations d’origines étrangères sont particulièrement concentrées. Il convient de jeter un pont et faire la jonction entre des mondes qui tendent à se fragmenter alors qu’ils n’en forment qu’un : celui fédérateur et critique qui porte en lui la culture des mélanges, qui ne renie ni ses racines ni son présent, à l’instar de Sainte Fatima de Molem, un spectacle qui depuis sa création en 2009, n’a cessé d’être joué.
Seul en scène, Ben Hamidou nous promène dans les rues de Molenbeek, où sa famille débarque au milieu des années soixante. Il remonte le temps et nous guide entre deux cultures, jusqu’à l’accomplissement de ses rêves, dont celui de devenir acteur. Avec Gennaro Pitisci qui co-écrit le texte et le met en scène, Ben Hamidou nous tient en haleine. Il campe avec talent et beaucoup d’humour, une multitude de personnages et s’arrête, avec tendresse et distance, sur une femme à qui il doit beaucoup et qui marque sa vie. Elle est son héroïne favorite. Elle est Berbère et tatouée comme un chef indien. Elle est une femme de tradition qui aime les westerns modernes. Elle est un mélange d’amour et de tyrannie, une mère Courage à la langue bien pendue et au caractère bien trempé. Elle est une figure légendaire des quartiers de Molenbeek d’une époque, dont elle dira, elle qui a tant vécu, que « Molenbeek, c’est du petit lait ». Elle est Sainte Fatima de Molem, sa Hanna, son incroyable grand-mère…
« Ça s’appelle Sainte Fatima de Molem et il faut y courir. Vous pensez que ça parle d’immigration mais en fait, ça répond à la célèbre question : comment peut-on être Belge ? » (RTBF | Chronique de Paul Hermant, déc .2009)
Exceptionnellement, les représentations du 23, 24 et 25 février sont prévues au Grand Varia à 20h.