Je et les autres
Personne ne fait attention à Jean Jean. Dans sa vie comme à l’école, il ne se passe rien ou franchement pas grand-chose. À part quelques discussions avec Claire, «lafillelapluschiantedelécole», et Arthur, «lemeclepluscooldelécole», qui vivent évidemment une vie formidable, à part quelques échanges avec ses parents qui débordent d’amour et de compréhension à son égard, sa vie est nulle, chiante et totalement insipide. Il a beau faire tout et n’importe quoi pour se faire remarquer, rien n’y fait. A croire qu’il est invisible. Quelque chose doit se passer pour qu’il existe enfin aux yeux des autres, mais quoi ? Les idées vont fuser, de la plus saugrenue à la plus fantasque, de la plus sombre à la plus lumineuse…
Entre « cool-attitude », désarroi, discours mégalos ou propos autocentrés, Jean-Jean est à cet âge de faire peau neuve et de dépasser l’enfance. Son cheminement est d’autant difficile que ses assises narcissiques sont défaillantes et perturbées par ce que les autres lui envoient en écho ou par ce qu’il s’invente des autres.
Les scènes surfent sur le comique de situations hautes en couleur et le spectacle, rythmé par des chansons, du rap, du slam, nous fait naviguer sur des eaux miroirantes : là où se reflètent l’image troublée de soi et le regard déformé des autres…
- Après Le trait d’union, spectacle qui traitait à la fois du divorce et de l’obésité et qui s’adressait autant aux adolescents qu’aux parents, la jeune compagnie Trou de Ver se penche avec cette nouvelle création sur la nécessité de la reconnaissance des autres pour se sentir exister. Pour la mener à bien, elle s’adjoint de nouveaux partenaires. Guillaume Kerbusch partage la scène avec Marie-Charlotte Siokos et Vincent Van Laethem. On retrouve Valentin Demarcin à la mise en scène et l’écriture du projet est confiée à Axel Cornil, lequel a déjà à son actif plusieurs textes dont Du béton dans les plumes et Crever d’amour.
- Ce nouveau projet prend racine dans des ateliers menés en 2015-2016 dans des classes de théâtre d’Ontario (Canada) et d’Auderghem. Les élèves improvisent en faisant des parallèles entre les figures mythiques des jeunes Narcisse et Echo, et leur propre vie. Axel Cornil écrit ensuite une mouture de texte qui, sous le regard de Valentin Demarcin, est mise à l’épreuve auprès de jeunes d’écoles secondaires. En fonction des discussions et des rencontres qui suivent, la mouture est retravaillée et peaufinée. Les acteurs de leur côté, la mettent à l’épreuve du plateau. Le fond et la forme évoluent ainsi conjointement, jusqu’à l’aboutissement.