« Mon père n’a pas d’amis dans la vie, et j’ai imaginé avec angoisse qu’il n’y aurait personne à son enterrement… ». C’est au départ de ce constat qu’Eline Schumacher se lance dans la création de La ville des zizis et lâche six mecs sur le plateau qui viennent enterrer Michiel, le 7ème larron, en bord de mer.
A voir au Grand Varia, du 12 au 20 mars.
Sous l’œil d’Eline, recadrés par elle lorsqu’ils débordent, et avec la voix de Michiel, son père bien vivant qui intervient sur radio-cassette, Léonard Cornevin, Adrien Drumel, Thierry Hellin, Lucas Meister, Jean-Baptiste Polge et Michel Villée – vont nous embarquer dans une folle épopée au cœur de l’amitié masculine.
Ils se présentent d’abord tirés à quatre épingles, col cravate, costard sombre. C’est un triste jour pour chacun. Mais bien vite, ils vont changer de costumes.
Le rire et la bonne humeur vont refaire surface, et tour à tour ou ensemble, ils vont jouer des clichés sur les garçons en bande, réveiller des souvenirs, révéler des petits secrets. De quoi à la fois nous faire rire et nous émouvoir. L’amitié aussi virile soit-elle n’est-elle pas un rempart contre la solitude, la peur de la mort ou la peur du vide ?
Six mecs, formidables, menés par une femme !
Eline Schumacher scrute joyeusement la masculinité !
Extrait de la critique de Michèle Friche
Novembre 2018 – Le Soir

© Alessia Contu
(…) Nos lascars auront vite fait de se débarrasser de leurs habits du dimanche, de se contenter d’un slip, d’un bermuda, de le baisser à l’occasion, d’enfiler les attributs du cow-boy ou du soldat du débarquement, de se tirer dessus, quand ils ne rebondissent pas sur le mur incurvé du fond de scène dans d’improbables chorégraphies parmi les palmiers peints… De joyeux drilles franchement potaches, qui scrutent le zizi de l’autre, qui tentent de cerner la beauté masculine, qui débattent de la technique de la drague (désopilante séquence menée par Adrien Drumel, souverain !).
(…) Car de l’humour, la pièce d’Eline Schumacher n’en manque pas, d’énergie non plus. Grand coup de chapeau à toute la bande des comédiens qui mouillent leurs chemises, de générations, de backgrounds différents, les Leonard Cornevin, Lucas Meister, Michel Villée, Jean Baptiste Polge (quelle souplesse !), Adrien Drumel et Thierry Hélin, à la scénographie de Juul Dekker, aux lumières d’Octavie Piéron, aux costumes de Frédérick Denis, au son de Noam Rzewski, la belle équipe soudée par Eline Schumacher et son collaborateur, Nicolas Mouzet-Tagawa.
Les zizis (re)prennent le pouvoir
Extraits de la critique de Laurence Bertels
Novembre 2018 – La Libre Belgique

© Alessia Contu
(…) Alignés face au public, ils racontent. Il y a celui qui est arrivé le dernier, l’autre qui a glissé à vélo. Non, c’était un autre encore qui était le dernier puisque… Peu importe. Ils se reprennent. Ne racontent pas grand-chose, se souviennent d’avoir parlé de la météo… Chaque parole est juste tant ils laissent respirer le temps et s’écouter les silences.
Leur talent s’impose dès les premières phrases et la rigueur de mise annonce les délires à suivre, sans jamais partir en vrille. Qu’ils sifflotent Ennio Morricone pour se rejouer Il était une fois dans l’Ouest ou fredonnent Hotel California, avec plages et cocotiers en toile de fond, ils explosent dans un cadre donné, se reprennent à temps, ne tombent pas dans la vulgarité même lorsqu’il est question de drague ou de taille des zizis.
Truffé de références au cinéma, aux pochettes de disques culte, aux codes de l’amitié dans les vestiaires ou dans les tranchées, La Ville des zizis flirte aussi avec les Chippendales, rappelle Le Raoul collectif, et emporte la salle en joie. L’humour, ce vernis de politesse, règne en maître (…)