Entre récit collectif et métamorphose intime, un voyage théâtral dans le sillage d'une femme qui plonge dans les mystères de l'île de ses ancêtres, pour renaître à elle-même et raviver la magie qui peuple son héritage.
Un jour, une jeune femme reçoit une lettre de sa grand-mère, qui l’invite à venir jusqu’à elle pour la retrouver. Cette grand-mère, c’est Jeanne. Elle est morte, et sa petite-fille ne la connaissait pas vraiment. Mais elle savait que Jeanne n’avait pas bonne réputation. Sur son île, on prétend qu’elle était une sorcière. Une « Belle Dame », comme on dit. Surmontant ses peurs et ses hésitations, la jeune femme va alors décider de faire le grand voyage. De partir sur les traces de cette étrange grand-mère, sur cette île où elle a vu le jour mais qu’elle connaît si peu. Sillonnant les mystères de cette terre frémissante, de cette mémoire aussi intense que troublée qui coule dans ses veines et ressurgit sous ses pas, elle va petit à petit se laisser entraîner dans un vertige de couleurs, d’effluves, de sensations. Un monde d’apparitions et de réminiscences, où elle finira par renaître sous nos yeux, pleinement transfigurée …
Née en Guadeloupe et élevée dans un petit village wallon, la comédienne, autrice et metteuse en scène Jessica Fanhan signe un premier spectacle envoûtant. Le portrait d’une femme qui lui ressemble, un personnage de fiction en quête de ses racines, façonné par son propre vécu et les questions qui la traversent. De retour sur l’île où l’invite sa grand-mère, elle se glisse dans les pas de cette étonnante sorcière, l’une de ces femmes puissantes et libérées de la tutelle des hommes, aujourd’hui réhabilitées par la pensée féministe. Au fil de son voyage initiatique, guidée par l’esprit de son aïeule, elle redécouvre peu à peu la terre de ses ancêtres et renoue avec une identité qui sommeillait au fond d’elle. Sous nos yeux, elle se métamorphose totalement, faisant à nouveau corps avec son désir et sa liberté, pour nous entraîner dans une réalité parallèle, où refleurit cette part de merveilleux dont elle a hérité.
Rempli d’humour et de poésie, Belle Dame nous invite à explorer les méandres d’une autofiction aventureuse, où le réel s’effrite pour dévoiler un monde magique, qui rend possibles toutes les transformations. D’une part, celle de cette femme qui, en fouillant dans ses propres racines, va se délester de ses doutes pour devenir une véritable héroïne contemporaine, mystérieuse et émancipée. Mais également celle d’un destin partagé, d’une blessure encore vive dans ce morceau des Caraïbes où nous entraîne le spectacle : la mémoire des esclaves et de leurs descendant·es, un héritage béant que notre société, dans son ensemble, n’a pas fini de déconstruire et de métaboliser. C’est dans ce passé fracturé que Jessica Fanhan puise l’urgence et la nécessité de son premier seule-en-scène. Utilisant tous les artifices du théâtre, elle navigue magistralement entre odyssée intime et récit collectif, et incarne cette parole libératrice, qui réarme nos imaginaires pour combattre l’oubli.