Dans cette mise en jeu, deux comédiennes livrent des extraits de Là où les chiens aboient par la queue, un roman intensément romanesque, mêlant autobiographie et fiction, porté par une langue bluffante d'inventivité et qui embrasse le destin de toute une génération d'Antillais pris entre 2 mondes. La représentation est suivie d’une rencontre avec l’autrice.
« Là où les chiens aboient par la queue »
Dans la famille Ezéchiel, c'est Antoine qui mène le jeu. Avec son "nom de savane", choisi pour embrouiller les mauvais esprits, les croyances baroques et son sens aigu de l'indépendance, elle est la plus indomptable de la fratrie. Ni Lucinde ni petit frère ne sont jamais parvenus à lui tenir tête. Mais sa mémoire est comme une mine d'or. En jaillissent mille souvenirs-pépites que la nièce, une jeune femme née en banlieue parisienne et tiraillée par son identité métisse, recueille avidement.
Au fil des conversations, Antoine fait revivre pour elle l'histoire familiale qui épouse celle de la Guadeloupe depuis les années 50 : l'enfance au fin fond de la campagne, les splendeurs et les taudis de Pointe-à-Pitre, le commerce en mer des Caraïbes, l'irruption du roi béton, la poésie piquante du créole, et l'inéluctable exil vers la Métropole après les émeutes de mai 1967, la confrontation au racisme …
Le titre est la traduction d'une expression créole, « Cé la chyen ka japé pa ké », qu'Antoine utilise pour décrire sa ville natale, Morne-Galant (nom inventé), qu'elle estime « à la traîne, loin de tout ».
Estelle-Sarah Bulle est née en 1974 à Créteil, d'un père guadeloupéen et d'une mère ayant grandi à la frontière franco-belge. Là où les chiens aboient par la queue est son premier roman. Il s'inspire de l'ouvrage de Patrick Chamoiseau, Texaco (1992), qui lui a « montré que le créole pouvait être une langue romanesque ».
Elle reçoit avec ce roman le Prix Stanislas du premier roman en 2018. Elle remporte également en novembre 2018 le Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde, et le Prix Eugène-Dabit du roman populiste.
Sélectionné également pour la finale du Prix du roman Fnac, il reçoit en 2019 une mention spéciale du jury du Grand prix du roman métis. En 2020, elle publie un deuxième roman, destiné à la jeunesse : Les fantômes d'Issa aux éditions L'École des loisirs.